Dominique Wolton était à Marseille lundi 11 septembre 2023, dans les locaux de l’EJCAM, à l’occasion de la sortie de l’Essentiel Journalisme et post-vérité (Hermès, CNRS), coordonné par Alexandre Joux, avec Pauline Amiel, des contributions de Marc Bassoni et Stéphanie Lukasik pour l’IMSIC, de Lucas Graves, de Jérémie Nicey, de Benoît Grevisse, de Vincent Carlino et de Nathalie Pignard-Cheynel, de Nicolas Kaciaf notamment … En librairie le 28 septembre 2023 !
Il a rencontré les doctorants et les enseignants-chercheurs pour un temps d’échange et de discussion autour d’Hermès et des recherches menées par l’IMSIC (Institut méditerranéen des sciences de l’information et de la communication).
Conférence-débat le journalisme et la post-vérité : pour une approche info-communicationnelle du journalisme.
EJCAM Marseille, lundi 11 septembre 2023, 16h30
Introduction par Alexandre Joux et présentation de L’Essentiel Journalisme et post-vérité, conférence de Dominique Wolton, présentation des travaux de l’IMSIC en lien avec la thématique de L’Essentiel : le traitement médiatique du « cas Raoult » dans la presse, par Erika Riberi. Débat avec la salle.
Compte rendu de cette rencontre avec Axel Gontcho, M2 RECICOM (EJCAM)
Journalisme et post-vérité : ce qu’a été l’échange autour de Dominique Wolton
Cet ouvrage collectif, coordonné par Alexandre Joux et Pauline Amiel, enseignants-chercheurs à l’Ecole de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), rassemble les contributions de plusieurs chercheurs de l’EJCAM et d’ailleurs.
Lundi 11 septembre à Marseille, les étudiants ont pu avoir avec Alexandre Joux, Erika Riberi (également enseignante-chercheuse à Aix-Marseille Université) et Dominique Wolton, fondateur de l’institut des sciences de la communication et directeur de la collection Les essentiels d’Hermès chez CNRS editions, un avant-goût.
« Qu’est-ce qui se passe pour qu’on puisse douter aujourd’hui de la vérité journalistique ?» C’est la question à l’origine de cet ouvrage qui ambitionne de « reconsidérer le journalisme sur le plan normatif, redire ce qu’est le journalisme. Un journalisme qui raconte des faits acceptés par tous », note Alexandre Joux en introduction.
La multiplicité des acteurs et le foisonnement des producteurs de l’information sur les réseaux sociaux numériques ont conduit à « l’oubli complet des faits, l’oubli total du journalisme » explique Alexandre Joux. La démarche des contributeurs à cet ouvrage est donc de rétablir la question centrale de la vérité des faits à sa place au sein de la société.
« On peut commenter les faits, les interpréter, émettre son opinion mais à la base, il faut la vérité des faits sans laquelle aucune communication n’est possible », explique Alexandre Joux. Il illustre son propos à l’aide d’exemples clairs. Comme cet extrait emprunté à Hannah Arendt sur les causes de la première guerre mondiale. Peu avant sa mort, on demanda à Georges Clémenceau ce que les futurs historiens penseraient de cette question controversée. Sa réponse : « Je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr est qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne ».
Le journalisme devrait rendre possible la communication entre acteurs dans la société. Et cela n’est possible que si le journaliste se met au service de la vérité. On parle alors de l’approche info-communicationnelle du journalisme, détaille le chercheur. C’est dans cet élan de recherche de la récupération de la légitimité du métier de journaliste que ces dernières années les concepts de fact-checking et de debunking sont apparus. D’abord, pour que les journalistes passent au filtre de la réalité les déclarations politiques notamment en période de campagne électorale, ensuite pour qu’ils démêlent le vrai du faux dans la masse de rumeurs qui circulent surtout sur internet. Car les journalistes sont nécessaires à toute démocratie, insiste pour sa part Dominique Wolton.
Leur bataille est de relever les faits qui se distinguent du mensonge, de la manipulation.
« Plus il y a de l’information, moins il y a de vérité » dans notre ère moderne dominée par les réseaux sociaux numériques où les publics apprécient de plus en plus ce qui est tordu, constate M. Wolton. La profusion de l’information n’a pas apporté plus de vérité, comme on l’espérait à la fin du 20è siècle, bien au contraire. Comme conséquence : le public ne sait plus s’il doit faire confiance au journaliste. Dès lors, sa légitimité est critiquée. La crise de confiance entre le journaliste et le public est très forte actuellement. Et rétablir cette confiance nécessite un travail sérieux des journalistes, résume Dominique Wolton.
« Journalisme et post-vérité » contient notamment les contributions de Benoît Grevisse, directeur de l’école de journalisme de Louvain, qui s’attarde sur les rôles qu’incarnent les journalistes dans la société. « Est-il nécessaire que les journalistes travaillent pour les réseaux sociaux » alors que ces derniers sont les auteurs du grand mélange entre faits, opinions et interprétations, s’interroge Jérémie Nicey, responsable de la licence professionnelle journalisme à l’Ecole publique de journalisme de Tours, dans le deuxième chapitre de l’ouvrage. Stéphanie Lukasik et Marc Bassoni analysent comment Didier Raoult a réussi à tourner l’attention du monde entier sur lui. Le « cas Raoult » fait aussi l’objet de la recherche d’Erika Riberi et Pauline Amiel qui planchent à l'IMSIC sur la Presse quotidienne nationale au défi d’une controverse scientifique devenue polémique publique.